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Friday, 21 December 2012

Chapitre XII: A la recherche du temple perdu


A la Recherche du Temple Perdu


Après la nuit passée à Mazake, ils s’embarquèrent dans ce nouveau périple. Maya était songeuse, l’image de cet homme masqué la hantait, une chose qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Existait-il vraiment ? N’était-ce qu’un rêve ? Etait-ce un présage du danger qui les attendait ?

Ils découvrirent  un  univers différent, avec des arbres de formes et couleurs différentes, inconnues par eux jusqu’à ce jour. Des arbres aux feuilles roses bordaient les chemins qu’ils empruntaient.
Ils marchèrent quelques jours avant d’arriver à un village où ils décidèrent de se ravitailler. Quand ils pénétrèrent dans le village, les gens s’arrêtèrent brusquement de faire ce qu’ils étaient en train d’effectuer  et  les dévisagèrent. Un sentiment de crainte se lisait sur leurs visages. Maya, Ulys et Beramute se sentaient mal à l’aise. Ils restèrent immobiles jusqu'à ce qu’Ulys décide de s’approcher de l’un d’eux.
Il se présenta au jeune homme qui était en train de tirer de l’eau au puits du village. Celui-ci le regarda, impassible. Ulys lui expliqua la raison de leur venue. Cet aveu permit au jeune homme de se détendre, il alla de suite transmettre la nouvelle aux autres villageois.
A partir de ce moment les villageois firent preuve d’une grande hospitalité. Ils leur offrirent le logis. Beramute qui était d’une constitution peu conventionnelle, attirait toute l’attention des gens du village, il en était devenu l’attraction. Sa gentillesse et sa disponibilité avaient conquis, en un rien de temps, tous les  enfants. Il les faisait sauter dans ses bras ou les faisaient monter sur ses épaules. Beramute, qui n’avait  jamais connu tant d’affection, joua pendant des heures avec eux. Les femmes du village les regardaient avec joie. Le chef du village vint se présenter auprès de Maya et Ulys.
Il s’appelait Pao Thaï; il était dans la force de l’âge, aux alentours d’une quarantaine d’années, trapu et de taille moyenne. Il les invita à s’asseoir et leur servit un thé. Maya chercha à comprendre l’attitude des villageois. Elle se demandait d’où venait la crainte qu’ils avaient manifestée à leur arrivée puis leur soudain changement d’attitude. Pao Thaï leur expliqua que le village de Manol vivait au rythme des récoltes. Ils étaient tous des paysans et que leurs moissons étaient leur pain et gagne pain. Avec ce qu’ils récoltaient, ils pouvaient se nourrir. Une fois par an, ils se rendaient à Sunu la capitale pour vendre le reste. Cela leur permettait de vivre confortablement. Avec l’argent de la récolte, ils achetaient vêtements et équipements dont ils avaient besoin. Néanmoins, depuis un peu plus d’une année, un groupe de malfrats s’était constitué. Ces renégats terrorisaient tous les villages de la région. Ils apparaissaient soudainement, pillaient leurs récoltes et réclamaient d’être payé, soi-disant pour qu’ils assurent leur protection. Ils avaient déjà tué des dizaines de villageois, enlevés  femmes  et  enfants  qu’ils  restituaient  ensuite  contre  le  paiement  de  rançons.
Le précédant chef du village avait décidé de ne pas céder à ces bandits. Ils en firent un exemple, ils le capturèrent au lasso et le traînèrent au sol avec leurs montures au galop. Les villageois les supplièrent d’arrêter ce cruel spectacle. Ils  acceptèrent  au bout d’un long moment, et surtout en échange d’une forte somme. Le chef mourut de ses blessures quelques jours plus tard.

Cette petite milice était composée d’une vingtaine d’hommes, tous masqués bien sûr et armés d’épées. Les villageois en avaient référé aux autorités. Ils étaient allés demander assistance à l’Impératrice Momoko. Le problème était que le pays était sous tension avec son voisin du Sud et que la plupart des Samouraïs étaient en faction le long de la frontière.
Cependant, elle avait dépêché une dizaine d’aspirants Samouraïs pour protéger les villageois et tenter de capturer les hors la loi.
Les aspirants Samouraïs étaient appelés les Budokais, ils étaient en cours d’apprentissage à l’école des Samouraïs. Seuls les meilleurs deviendraient Samouraïs, le reste deviendrait pour la plupart de simples soldats.

Depuis trois mois que les Budokais étaient arrivés dans la région de Manol, ils n’avaient été confrontés aux bandits qu’une seule fois. Un bref combat avait pris lieu avant la fuite des renégats. Il devenait évident que la milice s’informait systématiquement sur la position des Budokais.
Cela incita les aspirants à changer de stratégie. Au lieu de poursuivre les mercenaires, ils les laisseraient venir à eux. Depuis cette décision, ils s’habillèrent comme les paysans des villages. Ils se divisèrent et s’installèrent dans différents villages, mais  sans jamais trop s’éloigner les uns des autres afin de se regrouper rapidement en cas d’attaque des voleurs.
Ils communiquaient grâce à des oiseaux de petite taille qui étaient leurs messagers.

C’est ainsi que Maya, Ulys et Beramute furent présentés à Yoshi, l’aspirant Samouraï. Yoshi venait juste d’avoir dix-huit ans, il était grand et robuste, yeux et cheveux noirs, une coupe au bol. Il était né dans la région et s’était naturellement porté volontaire. Il était considéré comme favori, pour devenir le prochain Budokai à être promu Samouraï. Indépendamment de ses  aptitudes  physiques, il possédait un sens tactique hors du commun. Il réalisa immédiatement l’apport que pouvait représenter des alliés tels que Beramute et Ulys.
Alors sans réserve, il leur demanda :
« Pensez vous qu’ils vous seraient possible de rester quelques temps en notre compagnie? » Il s’exprimait avec éloquence et distinction.
Ulys qui le trouvait arrogant répondit :
« Malheureusement nous devons continuer. Notre quête est pressante ! »
« Ceci est fort dommage » Il s’interrompit avant de reprendre
« J’essayais juste d’être courtois, car d’après les pouvoirs qui me sont conférés en tant que représentant de sa Majesté l’Impératrice, j’ai le pouvoir et je dirai même le devoir de vous réquisitionner pour le bien des habitants d’Anishi. »
 Ulys commençait à s’énerver
« Essaies de me forcer pour voir ! »
Yoshi sur un ton hautain
« Vous  n’êtes  pas  sans  savoir,  que  vous  êtes  sur  le  territoire  d’Anishi  et  donc  dans l’obligation de vous soumettre à ses lois et aux représentants de ces lois»
Maya sentant la situation dégénérer intervint. Elle mit sa main sur celle d’Ulys et prit la parole d’une voix douce et envoûtante
« Yoshi, nous sommes ravis de pouvoir aider ton pays. Néanmoins, nous ne pouvons rester des mois à attendre une attaque éventuelle »
Le Budokai complètement charmé en perdit sa belle assurance, ce qui n’échappa pas a Ulys. Il changea de ton. Il se radoucit.
« Je n’ai nulle intention de vous retenir contre votre gré. Toutefois, je vous serai obligé de nous faire l’honneur de votre compagnie durant quelques jours. » Il espérait bien sûr que les bandits agiraient d’ici là.
Maya  accepta.  Ulys  se  retira  furieux, sans vraiment savoir pourquoi, et alla rejoinder Beramute.
Yoshi et Ulys étaient très similaires de caractère, ils étaient fiers et courageux, malins et déterminés dans tout ce qu’ils entreprenaient.
Le père de Yoshi était décédé quand il était très jeune. Sa mère l’avait éduqué de façon à suivre les traces de son père qui était un fermier très respecté. Cet homme travaillait toujours dur et ne se ménageait guère.  Après un hiver très froid, il était tombé gravement malade. Cette année, la récolte n’ayant pas été bonne, il n’avait pas de quoi payer les médicaments nécessaires à sa guérison. Il succomba rapidement. La mère de Yoshi vendit leur ferme et s’installa dans le village voisin de celui où Ulys et sa troupe se trouvaient actuellement. Elle y était devenue couturière et confectionnait tous les vêtements du village.
Sa mère qui avait espéré que son fils devienne un fermier comme son père, commença à reconsidérer ses ambitions  pour  son  fils quand elle le vit s’épanouir et développer de nouvelles compétences.
Enfant, Yoshi allait le matin à l’école et travaillait dans les champs l’après midi. Le soir, il ne manquait jamais de lire une histoire à sa mère. Les histoires qu’il lui lisait s’orientaient de plus en plus autour de récits de  Samouraïs. Devenir Samouraï était un rêve inavoué pour Yoshi, mais il ne voulait à aucun prix décevoir sa mère. A l’âge de seize ans, il reçut le plus beau des cadeaux d’anniversaire. Les villageois s’étaient cotisés afin de pouvoir l’envoyer à l’école des Samouraïs, et surtout il recevait la bénédiction de sa mère.
Dès la première année, il se distingua, en sortant major de sa promotion. Il put obtenir une bourse et ainsi  ne plus dépendre des ressources des villageois. Il s’était aussi juré à titre personnel, de rembourser ses  bienfaiteurs.
En  conséquence,  il  participait  à  des missions comme celle-ci afin de gagner un peu d’argent et ainsi rendre aux villageois leurs biens.
Durant ces quelques jours, Yoshi recherchait systématiquement la compagnie de Maya, ce qui ne plaisait pas beaucoup à Ulys. Beramute lui tantôt jouait  avec les enfants,  tantôt démontrait sa force en défrichant la terre à une allure déconcertante. Il abattait le travail de dix hommes réunis.
Le soir venu, quand les trois compères se regroupèrent, Ulys fit part de son insatisfaction. Il décréta que rester ici n’était qu’une perte de temps et rappela à Maya que des personnes l’attendaient et que lui aussi avait d’autres projets en attente. C’était la première fois qu’elle le voyait agir de façon aussi égoïste. Elle le lui dit ouvertement, ils perdirent tous les deux leur sang froid, ils se disputèrent et ils se séparèrent fâchés. Beramute en resta bouche bée ; il ne savait pas où se mettre. Maya alla retrouver Yoshi et s’effondra en larmes. Ulys alla ruminer dans la forêt où il finit par s’endormir.

Ulys se réveilla assez tard dans la matinée. Tout en se dirigeant vers le village, il pensait qu’il avait eu tort de s’énerver, il resterait autant qu’elle le voudrait et avait également décidé de s’excuser auprès d’elle.
A l’abord du village, il réalisa que quelque chose d’anormal se déroulait. Il s’approcha discrètement, se posta derrière un arbre pour étudier la situation. Une vingtaine de personnes masquées étaient là. Ils menaçaient de façon évidente les villageois et à l’aide de sabres, tenaient en joug Beramute. De son poste d’observation, il pouvait entendre :
« On est venu chercher notre dû, allez ! dépêchez-vous ! Nous n’avons pas de  temps à perdre »
Celui qui venait de prononcer ces quelques mots s’avança vers une villageoise, la secoua jusqu'à ce quelle en tombe à terre.
Maya toujours très réactive, dit :
« Laisse la tranquille grosse brute ! »
« Regardez ce que nous avons là » dit leur chef en désignant Maya du doigt. Tous les brigands se mirent à rire.
Il s’approcha de Maya, lui mit une grosse gifle qui la mit à terre également.
Il n’en fallait pas plus à Ulys pour voir rouge. Sans aucun plan d’attaque, il chargea, il désarçonna le bandit le plus proche, lui sautant dessus d’un bond phénoménal.
Ce dernier fut assommé au contact du sol. Il lui déroba son épée, en deux coups bien nets, il ôta la vie de deux autres voleurs. Pendant qu’Ulys retenait l’attention de tout le monde grâce à son intervention inopinée, Beramute en profita pour se débarrasser de ses gardes en cognant leurs têtes l’une contre l’autre. Yoshi fut aussi très réactif, il déposséda le chef des bandits de son épée grâce à une clé de bras, puis l’assomma avec un coup sur la nuque. Ensuite il fit une démonstration de sa technique d’armes et mit hors d’état de nuire cinq ennemis mélangeant efficacité et élégance. Utaka s’en mêla également. Quatre ou cinq renégats eurent la bonne idée  de s’enfuir. En un rien de temps, ils avaient mis la milice en déroute et aucun des villageois de Manol n’en entendraient  probablement jamais plus parler.

Yoshi, le plus proche de Maya, la releva, Ulys, témoin de la scène en oublia toutes ses bonnes résolutions et Maya n’entendit jamais les excuses escomptées…
Excepté une joue légèrement rougit, Maya était indemne. Les Budokais, disséminés dans les villages alentour,  arrivèrent les uns après les autres. Yoshi leur ordonna de ramasser les bandits encore en vie et de les faire prisonniers.
Les Budokais interrogèrent Yoshi sur ce qui venait de se passer. Yoshi en profita pour imposer son point de vue. Il expliqua que le jeune homme aux cheveux longs (se référant à Ulys) avait engagé, de manière irréfléchie, les hostilités avec les hors la loi et avait mis en danger la vie de tous les villageois. Heureusement que tout s’était déroulé pour le mieux. Ulys, pris à partie, fut irrité de cette déclaration et le fit savoir:
« Tu n’es qu’un trouillard, Maya se fait frapper et tu restes là, sans rien faire »
« J’avais un plan Monsieur tête brûlée ! » Maya calma les esprits de nouveau
« Arrêtez » cria t-elle «Vous êtes aussi ridicules l’un que l’autre. Vous avez tous les deux ce que vous vouliez. Yoshi tu as mis fin au banditisme et Ulys nous pouvons continuer notre quête »
« Tu as raison. Où vous dirigez  vous ? » demanda Yoshi
« Cela ne te reg… » rétorqua Ulys avant de se faire fusiller du regard par Maya ; alors il fit la moue et tourna la tête en signe de dédain.
« Nous nous rendons au bois du Catsu »
« Le bois du Catsu ? C’est dangereux là bas. »
« C’est parce que tu es un trouill… » intervint de nouveau Ulys, coupé une fois encore par le regard foudroyant de Maya. Yoshi prit le parti de l’ignorer totalement et dit:
« Vous devriez venir avec nous à Sunu, c’est sur votre chemin et l’Impératrice désirera certainement vous récompenser pour votre aide. »
Voyant qu’Ulys ne voyait pas cette proposition d’un bon œil, Maya opta pour régler l’affaire diplomatiquement, alors elle invoqua un vote à main levée, de façon démocratique, deux voix sur trois suffiraient c'est-à-dire la majorité absolue.
Beramute qui avait entendu parler d’un banquet en leur honneur en salivait déjà et vota en faveur de la capitale ainsi que Maya qui mourait d’envie de rencontrer l’Impératrice. Ulys qui prétendait n’en avoir que faire s’abstint de voter.
Ils iraient donc à Sunu.

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