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Sunday, 19 August 2012

Chapitre VI: Rencontres inattendues


                                                          Rencontres inattendues

Au petit matin, ils se remirent en route, cette fois à une allure très mesurée. Ulys ressentait les effets de son combat avec les loups, courbatures, bleus et quelques plaies dues aux griffures reçues. Ils se faufilaient au travers de la forêt. Ils avaient certainement perdu un peu de temps durant leur mésaventure. Tous les coins de la forêt se ressemblaient, il n’y avait aucun signe d’âme qui vive. Les seuls bruits qu’ils entendaient étaient le bruit du vent qui agitait les feuilles des arbres ainsi que le bruit des animaux décampant à leur arrivée. Ils avancèrent pendant quelques heures, mangèrent vers midi et continuèrent leur chemin.
Après un bon moment, ils entendirent un son bruyant qui venait rompre l’harmonie qui les entourait.
 Un son répétitif et retentissant. Puis ils entendirent comme une voix grave et amusée.
« Oooh oooh oooh »
Un arbre s’effondra en leur direction.
Ulys, très prompt comme d’habitude, réagit le premier et extirpa Maya de la  trajectoire de l’arbre. Ils se dirigèrent vers le tronc de cet arbre fraîchement abattu.  Arrivés  près   de  celui-ci,  ils  aperçurent  un  homme  à  la  carrure impressionnante, qui n’était pas sans rappeler à Ulys le monstre qui l’avait battu lors du tournoi d’Ecclesia. L’homme était de dos et se désaltérait. Ulys tenta une approche peu courtoise
« Hey »
L’énorme masse se retourna lentement. Il avait l’air totalement ahuri par leur apparition.
« Que f’sez vous ici » leur demanda t’il avec une voix grave et mâchant ses mots.
Ulys, la main sur le pommeau de son épée, répondit:
« Nous cherchons à traverser cette satanée forêt afin d’atteindre les montagnes ».
Sans attendre de réponse, Maya mit la main sur l’épaule d’Ulys, lui sourit et s’approcha de ce gigantesque  individu. Elle lui sourit également afin de l’attendrir, lui tendit la main et se présenta :
« Je suis Maya, je viens d’une autre planète, et nous cherchons avec mon ami Ulys ici présent le moyen de me renvoyer chez moi. »
Le géant ne comprenait pas tout et de manière générale ne cherchait pas à comprendre. Il saisit la minuscule main de Maya dans la sienne et répondit :
« Je su Beramute le buch’ron, fils de Berami l’grand buch’ron d’la Fret des Psées»

Beramute n’avait que peu souvent vu d’étrangers. A sa connaissance, lui et son père étaient les deux seuls  individus vivant dans cette forêt. Le peu de personnes s’y aventurant ne tombaient pas toujours sur eux ou étaient des marchands venant acheter le bois à bon prix. Il ne sortait que rarement des bois, seulement pour  faire quelques courses au village le plus proche.
Ainsi, Ulys et Maya découvrirent qu’ils s’étaient déportés très a l’Est de la forêt durant leur mésaventure.
Beramute était de bonne nature, quelqu’un de peu méfiant. Il se livra complètement auprès de ses deux visiteurs. Ils apprirent qu’il venait juste de fêter ses 20 ans, qu’il avait toujours vécu ici, seul avec son père depuis que sa mère était partie pour des raisons inconnues quand il n’était encore qu’un petit garçon.
Il leur offrit l’hospitalité. Ulys toujours affaibli refusa à contre cœur, ne voulant pas perdre davantage de temps. Mais Maya le persuada du bien fondé de cette idée. Le géant leur expliqua que Berami son père était parti à la ville pour quelques jours afin de régler quelques affaires. Il ne serait de retour que dans deux jours. Ils lui tinrent compagnie pendant ce temps.
Beramute permit la guérison rapide d’Ulys grâce à quelques remèdes dont il avait le secret. Ils se racontèrent toutes leurs anecdotes. Maya décrit son monde, elle essaya de décrire au mieux toutes les avancés technologiques de son monde et leurs utilités, un concept qui leur échappait, cela leur semblait plus des futilités. Voitures, trains, avions n’étaient qu’une course après le temps qui selon leurs valeurs n’avait aucun intérêt. Beramute s’attacha très vite à eux, et eux à lui.
 Au point qu’ils lui offrirent de les accompagner. Beramute, songeur, baissa la tête, et leur expliqua qu’il ne se voyait pas abandonner son propre père.
Le soir venu, Berami arriva. Ulys et Maya avaient décidé de partir le lendemain matin. Berami était gigantesque, de la même hauteur que son fils mais avec une carrure encore plus imposante. Berami était aussi très accueillant, un bon vivant qui savait conter les histoires de façon attrayante. Son rire était monstrueux mais communicatif. Après avoir ri aux éclats, ils allèrent se coucher.

Tôt le matin, ils s’apprêtèrent à partir, ils se dirent au revoir, après quelques embrassades, un Beramute larmoyant se résolut à les laisser partir. Son père l’observa intensément et le tira de sa rêvasserie en disant:
« Qu’attends tu fils ? Voici ton baluchon tu ne crois tout de même pas que je vais t’entretenir toute ta vie ! »
Il embrassa son père qui à son tour avait les larmes aux yeux. Beramute se mit à courir derrière ses deux nouveaux amis, ce qui ne passait pas inaperçu. Il connaissait ces bois par cœur, ils seraient en fin de journée au pied des montagnes. C’était la première fois qu’il avait des amis depuis qu’il avait été interdit de jouer avec les autres enfants. Une fois, ne maitrisant pas sa force, il avait gravement blessé un enfant du village en chahutant avec lui.
Au loin, ils pouvaient apercevoir les montagnes depuis la mi-journée. La nuit tombait, ils décidèrent de camper avant d’entamer l’ascension des montagnes.
Au premier rayon de soleil, ils entamèrent leur périple. Ils devraient contourner le premier mont qui était trop abrupt. Aux alentours de midi, cet obstacle était franchi.
 Ils commencèrent à grimper avec une étonnante débauche d’énergie. Après deux jours d’une extrême  intensité, ils avaient parcouru la moitié du chemin. Ils avançaient maintenant sur un plateau en altitude. Maya fit une pause et déclara
« On nous observe »
Ulys sur un ton anxieux mais solennel répondit :
« Soyons vigilants et continuons à avancer »
Après un bref moment, une pierre flottante dans les airs, apparut. Ce projectile était destiné à la tête d’Ulys, mais ce dernier, esquiva.
D’un ton vigoureux il ordonna:
« Surtout restons groupés, Maya reste entre moi et Beramute ! »
Des jets de pierres arrivèrent de toutes parts. Ulys réussit à les esquiver et celles-ci n’eurent aucun effet sur Beramute.
Une attaque fut lancée par des êtres de petite taille, longilignes et d’une vivacité rare, Des êtres gris, vêtus de lambeaux en guise de vêtements, les dents pointues et de tout petits yeux bondissaient de partout. Ils possédaient des lassos, des filets et des dagues fabriquées à partir de pierres. Ulys fendit un filet en deux. Beramute malgré ses poignets entravés par des lassos envoya balader six de ces créatures qui essayaient de l’immobiliser. Devant l’échec de cette tentative, les assaillants se replièrent.
Les trois compagnons restèrent sur leurs gardes un bon moment, à l’affût d’une autre offensive. L’orage semblait être passé. Ulys savait maintenant à quoi ressemblait les Anthrolites ; des créatures dont le plus grand spécimen faisait facilement une tête de moins que lui mais qui possédaient une rapidité et une agilité redoutables.
Ils étaient soulagés d’être sortis entiers de cette embuscade mais redoutait néanmoins une prochaine confrontation. Ils comprenaient maintenant certaines légendes qui entouraient ces êtres  mystérieux.  Ils  continuèrent  leur  chemin.  Après  quelques  heures de marche, ils empruntèrent un passage étroit entre deux parois de montagne, Beramute et Melo en tête. Maya les avertit qu’elle ressentait de nouveau une présence hostile. Ils se tenaient sur leurs gardes, Ulys craignait une embûche mais ils n’avaient d’autre choix que de passer par ici. Ils entendirent  un  bruit,  ils  levèrent  la  tête;  un  énorme  rocher  déboulait  sur  eux.
 Ils  se dégagèrent du passage, mais se retrouvèrent séparés. Beramute accompagné de Melo d’un côté, Maya et Ulys ensemble de l’autre côté. Beramute se plaçant devant Melo afin de le protéger fut assailli par une dizaine d’ennemis, un filet lui fut lancé dessus. Employant une force surhumaine il déchira les mailles du filet et envoya balader tous ses assaillants. Ces derniers possédant lances et dagues, le tenaient en joug, cependant ils hésitaient à charger. Beramute saisit deux lances et les brisa. Deux Anthrolites téméraires se jetèrent sur lui. Le premier lui planta ses dents pointues dans l’épaule. Beramute saisit l’agresseur d’une main et l’assomma  contre  la paroi qui se trouvait à sa droite. En même temps, il saisit l’autre inopportun de  l’autre main et l’envoya valser quelques mètres plus loin. Plusieurs vagues successives d’assaillants déferlèrent sur lui…
De l’autre côté du rocher se déroulait un combat similaire. Avec son épée, Ulys repoussait les assauts les uns après les autres. Maya lançait des pierres avec une précision déconcertante, faisant mouche a chaque fois. Néanmoins, les combattants étant en supériorité numérique, ils savaient qu’ils auraient bien du mal à tous les neutraliser.
Beramute était lui, à égalité avec ses adversaires, la force contre le nombre. Ses opposants le craignaient mais  n’abdiquaient point. Les deux partis étaient essoufflés. Une autre vague d’assaillants s’apprêtaient à émerger quand une voix intervint.
Un Anthrolite se tenant en hauteur les interrompit, il s’adressa aux autres dans un langage incompréhensible et des contestations se firent entendre. Après un moment de négociation, ils disparurent et rejoignirent leurs compagnons de l’autre côté du rocher. Le mystérieux Anthrolite fit un sourire à faire froid dans le dos à l’encontre de Beramute et rejoignit ses congénères.
Beramute pouvait entendre le combat qui faisait rage de l’autre côté. De trop forte corpulence, il lui  était impossible d’escalader les parois du rocher, alors il essaya de le pousser. Aussi fort qu’il était, il n’émut pas le moins du monde ce gros caillou. Il poussa un cri de rage reflétant son impuissance.
Ulys et Maya étaient maintenant opposés au double d’assaillants, ils étaient  totalement encerclés. Si déjà la lutte était difficile auparavant, elle relevait de la mission impossible maintenant. Ulys  fit  virevolter  son  épée  qui  eut  pour  résultat  de  défaire  trois  ennemis simultanément.
Puis il remarqua un attroupement dans les arrières rangs des Anthrolites. Il lui semblait voir un désaccord qui semait le trouble entre eux et un début de bagarre. Du moins c’est ce que pensa Ulys en premier lieu.
Quand Maya soupira :
« Utaka »
A ce moment trois énormes loups apparurent transperçant les rangs adverses, les mettant rapidement en déroute.
Beramute qui maintenant n’entendait plus de bruit était rongé par l’inquiétude.
« Y’a quelqu’un ? »
Ulys le rassura et il escalada le rocher pour le rejoindre, Maya monta sur le dos d’Utaka, elle- même suivie par ses fidèles gardes du corps. En deux bonds, toute cette petite troupe fut à son tour de l’autre côté.
Utaka expliqua à Maya que, au moment de quitter le refuge du bûcheron, elle lui avait demandé de venir. Maya se souvenait d’avoir pensé qu’il serait préférable d’avoir la reine des loups à ses cotés durant leur périple mais n’avait jamais imaginé qu’elle avait des pouvoirs de communication à distance avec Utaka.
Ils continuèrent leur route, accompagnés des loups. Il était peu probable que les Anthrolites tentent leur chance de nouveau.
A la nuit tombée, ils établirent un camp. Ils discutèrent autour du feu, se congratulèrent mutuellement et se réjouissaient d’avoir survécu aux Anthrolites et de pouvoir ainsi les décrire.
Si Maya et Ulys pouvaient expliquer leur survie grâce à l’arrivée des loups, Beramute était obsédé par le sourire de ce mystérieux Anthrolite qui était intervenu en sa faveur et avait ainsi dissipé l’attaque qui lui était destinée. Il s’endormit sur ces pensées.
Il leur fallut deux jours supplémentaires pour atteindre le Mont Godard. Il ne restait plus qu’à le gravir pour en atteindre son sommet enneigé.

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