Tete a tete avec l'Ermite
Utaka leur fit savoir que les loups attendraient
ici, Beramute en fit de même. Maya précédée d’Ulys escaladèrent jusqu’au
sommet. A plusieurs reprises Maya, totalement inexpérimentée dans ce genre
d’activité, faillit tomber. Heureusement, elle était solidement arrimée à Ulys
qui était un grimpeur confirmé.
Après quelques heures, ils arrivèrent à une
surface plane sur laquelle se trouvait l’entrée d’une grotte. Au milieu des
neiges éternelles, ils s’apprêtaient à pénétrer dans la grotte.
A l’intérieur, régnait l’obscurité la plus totale,
le seul bruit était le sifflement du vent qui s’y engouffrait.
Maya tenta un
« Y’a quelqu’un ? Ermite Kaduyeri êtes vous là ? »
A ce moment, une caverne de forme ronde apparut
devant leurs yeux. Des torches s’étaient soudainement allumées tout au long des
parois. Un homme d’apparence âgé, avec une longue barbe gris poivre et le
crâne totalement dégarni, se
tenait au milieu de cette salle. Il était maigre et de petite taille. Il
portait un poncho gris, un
pantalon marron apparemment trop grand pour lui et des sandales. Il restait
immobile, les bras derrière son
dos et les yeux fermés.
Maya
relança d’une voix beaucoup plus timide
« Monsieur Kaduyeri ?»
Il ouvrit les yeux. Deux énormes yeux bleus et
ronds fixaient maintenant nos amis. D’une voix rauque mais dynamique, il
répondit
« Lui-même»
Le silence s’installa. Maya et Ulys attendaient
une révélation. Kaduyeri attendait probablement la prochaine question.
Ulys, après une courte hésitation, ajouta :
« Nous cherchons à renvoyer Maya chez elle car
elle vient d’un autre monde. Savez vous comment faire ? »
« Maya ! Chez elle !» marmonna l’Ermite refermant
les yeux.
« Maya c’est moi et je viens de la planète Terre.
Je suis arrivée ici sans savoir comment. Je cherche le moyen de rentrer. La
vieille Erudit m’a dit que vous saviez tous les secrets de cette planète. »
« Savoir est une prétention que je n’ai pas »
Maya comprit très vite qu’elle devait faire
attention à ses paroles et devait donc faire preuve d’esprit.
« Y a-t-il un moyen de rentrer chez moi ? »
« Certainement, si tu es venue, tu peux repartir.»
« Le connaissez vous ? »
« Connaître
quoi? »
« Le chemin »
« Quel chemin ?»
« Le chemin qui me ramène chez moi ? »
« Non ! »
Maya, agacée, chercha un moyen de reformuler sa
question afin d’obtenir une réponse utile. Après quelques secondes, elle se
lança et dit :
« Vous dites que je peux repartir chez moi, mais
que vous ne connaissez pas le moyen d’y parvenir ? »
L’Ermite rouvrit les yeux et la fixa
« Comment es tu arrivée ici ?»
« Je ne sais pas... Par malchance! »
« Par malchance, intéressant.»
Il répeta sa question « Sais- tu par quel moyen es
tu arrivée ici ?»
« Nan pas du tout. » Il commence à radoter pensa
Maya
« Qu’est ce que te dit ton instinct ?»
Maya sombra dans une profonde réflexion
A cet instant il porta son regard sur Ulys
« Et toi ? »
« Je suis né ici »
« Ce n’est pas ma question. As tu une quelconque
idée de la façon dont ton amie est parvenue jusqu’ici? » demanda Kaduyeri d’un
air amusé
« Par magie !»
« Par magie ! hein ?»
« Et est ce que la magie se crée par elle-même ? »
« Non des gens la pratiquent. »
« Donc
tu veux dire que Maya a
été amenée ici par une personne qui a des pouvoirs magiques? »
« Je suppose.»
Maya qui avait entendu la conversation intervint
« Mais qui et pourquoi ? »
« A qui est adressé la question ? » demanda le
vieil homme
« A vous évidemment » répondit elle agacée
L’Hermite se contenta de sourire
Maya se reprit.
« Savez-vous ce que je dois faire ensuite? »
« Savoir non! ».
Il continua : « Jeune homme,
connais tu quelqu’un qui soit capable de produire de la magie ? »
« J’ai entendu beaucoup de récits, mais je n’ai
jamais rencontré de magicien personnellement. »
« Hummmmmmmmmm. Des récits hein? Je suggérerai
bien quelque chose. » Il fit une pause. Ulys et Maya étaient suspendus à ses
lèvres, guettant le moindre son qui allait sortir de sa bouche comme deux morts
de faim à qui l’on allait jeter de la nourriture.
« Si nous parlons magie, une vielle légende veut
qu’au pays d’Anishi, le Temple d’Ottaku abrite une boule de Cristal aux
pouvoirs exceptionnels. Cette boule peut être la réponse à vos questions. »
« Le pays d’Anishi, l’Empire des Samouraïs. »
murmura Ulys maintenant songeur.
« Vous voyez que vous savez quelque chose » nargua
Maya
« Savoir, connaître, implique que je sois certain.
Suis-je certain d’être certain? Je ne suis pas certain. »
A ce moment, une bourrasque pénétra dans la
caverne et souffla toutes les torches. La pièce fut de nouveau dans le noir le
plus total, Maya et Ulys interprétèrent cette obscurité comme la fin de la
conversation. Toutefois, Maya ajouta :
« Merci ermite Kaduyeri !» mais elle pensa quel
vieux chnoque.
Malgré les propos de l’ermite sur le fait de
savoir et ne pas savoir qui les laissaient perplexes. Ils avaient une nouvelle espérance. Pour Maya, cela
signifiait un pas supplémentaire pour rentrer chez elle et surtout cela
constituait son seul espoir pour retrouver ses parents.
Pendant ce temps, les loups accompagnés de
Beramute avaient établi un camp. Deux des loups partirent chasser, Beramute, songeur, resta en
compagnie de la Reine, Utaka. Son vocabulaire étant assez limité, il engageait
rarement une conversation. Cependant, il avait développé le don de pouvoir
faire des conversations entières à lui tout seul. Conversation et non monologue
dans la mesure où il inventait des situations pour lesquelles il faisait les questions et les réponses et où il
jouait le rôle de tous les acteurs de sa fantaisie.
A cet instant, cela donnait la chose suivante :
« Bjour Loup, ça va ben ? »
« Oue tre ben. »
« Heureuzment que tu nous svais. »
« Alors com ca tu habtes dans l’bois »
« Oué et j’pass assez soven pres d’chez toi »
« La pchaine fois t’peux t’reter dire bjour, tu
sra le benvnu »
« Mci tré mable… »
Le loup l’interrompit par un grognement. Beramute
sortit à moitié de sa rêverie
« Qu’est ce t’as? » demanda t’il avant de
reprendre
« S’vrai tu parles po »
Soudain, Beramute entendit du bruit. Quelqu'un ou
quelque chose se dirigeait dans leur direction. Alors, il sortit sa hache. Il vit une petite
silhouette se dessiner à quelques mètres de lui.
« Je te veux pas d’mal. Je suis seule. Je peux
approcher ? » demanda une petite voix perçante.
Beramute resta en garde et l’invita à le
rejoindre.
La personne se dévoila sous la lumière du feu. Il
s’agissait du mystérieux Anthrolite qui lui avait souri.
« Qu’fais tu ici tout seul ? Tu ressembles à ton
père.»
Cette dernière affirmation laissa Beramute dans
une incompréhension la plus totale. Pourquoi lui parlait-il de son père et surtout comment le
connaissait il ?
Il lut son incompréhension et déclara brutalement
:
« J’suis ta mère.»
Il en resta complètement ébahi
« C’ment? »
« Tu es bien Beramute, le fils de Berami ? »
« Ui »
« Jsui ta mère. »
« OK j’ai bzoin dm’asseoir.»
Le gros bûcheron au cœur tendre venait de recevoir
le choc de sa vie. Il s’assit et invita la dame à en faire autant. Un peu remis
de ses émotions, il lui demanda de s’expliquer.
Elle
lui raconta qu’il y a une vingtaine
d’années, un homme d’une
force surnaturelle
parcourait ces montagnes et avait défié les Anthrolites. C’était le premier à
en réchapper. Elle en tomba amoureuse. Elle le suivit afin de vivre dans la
forêt. Quelques mois plus tard un bébé naquit de cette improbable union, lui. Beramute
était né de cet amour incroyable entre un homme et une Anthrolite. Elle lui expliqua que l’ayant vu
combattre l’autre jour, elle avait reconnu en lui le vaillant bûcheron qui
l’avait séduite, il y a si longtemps.
Il
lui demanda comment elle avait pu les abandonner lui et son père. Elle lui
raconta que si son père ne risquait rien car beaucoup trop costaud, ce n’était
pas son cas. Après quelque mois, Beramute était devenu dodu et alléchant. Il était vulnerable et
appétissant. Cette tentation représentait un choix cornélien. Après une longue
réflexion, son père et elle prirent la décision qu’il fallait mieux qu’elle
retourne chez les siens. Beramute, aussi sensible que son père, eut alors les
larmes aux yeux, la prit dans ses bras et la serra très fort.
« J’étouffe » bredouilla t-elle en suffoquant. Ils
s’assirent autour du feu et échangèrent leurs histoires respectives. Tard dans
la nuit, ils s’endormirent.
Au petit matin, ils furent réveillés par Maya et
Ulys qui étaient surpris de voir un Anthrolite en compagnie de leurs amis. Ils
s’aperçurent que finalement la peau des Anthrolites n’était pas grise mais
qu’il s’agissait d’une substance avec laquelle ils s’enduisaient afin
de se camoufler. Ils firent part de leur intention de se diriger vers Anishi
mais sans révéler leur but devant cette étrangère. L’Antrholite demanda à son
fils ce qu’il comptait faire
maintenant, lui disant qu’elle
allait retourner vivre avec son père. Après une longue hésitation,
il décida d’accompagner ses
nouveaux amis.
Alors ils discutèrent de la meilleure route à
suivre. Encore une fois, deux possibilités se présentaient à eux, la route de
l’Est ou la route du Sud. Ulys et Beramute se mirent d’accord sur la route du
Sud. Bien que la route de l’Est soit moins longue, elle était plus périlleuse.
La présence des Anthrolites sur ce parcours n’y était certainement pas étrangère. Mais ce n’était pas laseule raison, car s’ils décidaient de prendre la route de l’Est, ils devraient traverser la Mer Michaelis, qui
abritait le grand Sillon...
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