Les Rippert
Jean-Pierre
et Samantha Rippert, ainsi que leurs trois enfants
s’apprêtaient à partir en
vacances. Jean-Pierre attendait toujours ce moment avec impatience. C’était
l’occasion de relâcher tout le stress
accumulé au travail et tout spécialement cette année, où il avait été
promu chef de son service. Une position dont il était fier, mais qui était plus
exigeante par les responsabilités liées à ce nouveau statut. Il travaillait à
la Poste depuis plus de vingt ans, il avait commencé en tant que facteur, puis,
au fil des années, il s’était reconverti au service informatique dont il avait
maintenant la charge.
Samantha était toujours angoissée à la veille des
départs ; d’un naturel inquiet, elle revoyait sa liste avec attention.
Secrétaire de direction dans un cabinet d’avocat, elle était méticuleuse et
appliquée ; aucun détail ne lui échappait, elle préparait sa liste depuis des
mois, reprenant celle de l’année précédente et apportant des améliorations au
fil des années.
Chaussettes, pantalons, chemises, maillots de
bain, brosse à dent, crème solaire, rasoir, après rasage, déodorant… OK…
Jean-Pierre passe le contrôle technique, les enfants doivent être en train de
préparer leurs bagages, pensait t-elle.
Tom était l’aîné, il venait juste de fêter ses
dix-huit ans, âge délicat où partir en vacances avec sa famille constituait une contrainte. Toutefois,
après avoir redoublé sa terminale par manque de travail, le capital confiance, accordé par ses parents
jusqu’à ce jour, avait bien fondu.
En conséquence, il serait
obligé de les accompagner
et de travailler sous leur
supervision, sa mère lui ayant concocté un programme sur mesure.
Désespérément amoureux de sa petite amie, il était
malheureux d’être éloigné d’elle pendant quinze jours.
Sa mère voyait cette séparation d’un bon œil, car
elle attribuait son échec scolaire à cette relation.
A l’inverse de son frère, Olivier dix-sept ans,
venait d’achever sa classe de première avec brio. Il se réjouissait à l’idée
d’être au même niveau que Tom. Il était passionné de science fiction, et se
voyait déjà travailler dans l’aérospatial.
Maya la petite dernière, âgée de quinze ans,
allait rentrer au lycée. Élève moyenne à l’école, elle ne forçait pas trop sur
ses devoirs. Pipelette invétérée, elle était en constante conversation avec ses
copines. Son père s’amusait à dire qu’elle était greffée à son téléphone.
Dans leur appartement d’Athis-Mons en banlieue
parisienne, il y avait de l’agitation.
Maya était toujours la victime des blagues de ses
2 frères Tom et Olivier. Cette fois, ils lui avaient caché sa valise.
Néanmoins, elle ne se laissait jamais faire:
“Dites moi où vous l’avez mise!” s’écriait Maya,
ce qui renforça le fou rire de ses frères.
Leur mère qui les entendait se chamailler,
decidait de monter au premier étage où se déroulait la scène et intervint:
“Allez, on s’active et arrêtez de faire enrager
votre sœur”
“Ils m’ont piqué ma valise” s’indigna Maya
“Rendez la lui, il faut finir les valises et aller
au lit, il est déjà tard”
“ Maman peux-tu m’aider à la faire?” implora Maya
“Maya, tu as déjà 15 ans tu devrais être capable
de te débrouiller toute seule». Après un moment de réflexion, la mère ajouta:
“Commence à mettre de côté tout ce que tu veux
emporter, je viendrai t’aider dans quelques minutes”.
Comme tous les étés, les Rippert partaient en
vacances pour découvrir un nouveau coin de France. Cette année, ils avaient
jeté leur dévolu sur le Sud et plus exactement les Cévennes en Lozère.
Le matin se profilait et ils partirent pour une
nouvelle terre, prometteuse en aventure. Après six longues heures de route, ils
arrivèrent à bon port. Leur destination était une maison totalement isolée en
pleine nature, un vrai havre de paix.
Ils déchargèrent leurs bagages et mangèrent. Puis
les deux frères demandèrent d’aller visiter les alentours. Les parents, quant à eux, ne pensaient
qu’à se reposer. Alors, ils chargèrent Tom de veiller sur son frère et sa sœur:
“ Vous pouvez aller vous promener, mais n’allez
pas trop loin! Et surtout faites attention à votre sœur”
“Oh non, on n’est pas obligé de se la taper!”
répondit Olivier
“C’est votre sœur, jouez avec elle!” ordonna le
père.
Dans les alentours, il y avait des reliefs
montagneux, des forêts et immenses paysages de verdures. Ils explorèrent le
site sans trop s’éloigner.
Ils rentrèrent et soupèrent. A la fin du repas,
leur père fit une annonce: “Demain, nous serons capables de voir très
clairement une pluie de météorites.”
Tout le monde était excité de voir le défilé d’étoiles filantes et
alla au lit sur cette pensée pleine de promesses.
Le lendemain soir, ils se réunirent sur une petite
colline devant la maison pour contempler le spectacle et la mère dit:
“C’est le moment de faire des vœux!”
Le balai de météorites commença, Samantha demanda
que ses enfants grandissent sains et heureux.
Jean-Pierre réclama que sa femme l’autorise à
acheter une nouvelle voiture, Tom un scooter, Olivier une Nintendo WII.
Quant à Maya, elle ne fît pas de vœux, mais se
demandait ce qu’il y avait derrière tout ça,
dans ce grand bain qu’est l’univers, ce qui se
cachait dans cette immensité de bleu foncé ponctué de jaune.
Sur le court chemin menant à leur logis Olivier
récita ce qu’il avait lu récement dans un magazine de science :
« Vous savez que les trous noirs happent et
engloutissent toutes les matières avoisinantes » Sur ces belles paroles, ils
allèrent se coucher.
Le matin suivant, au moment du réveil, Maya
repensa au défilé d’étoiles. Elle resta rêveuse tout le reste de la matinée.
Après le déjeuner, les parents s’apprêtèrent à aller faire quelques provisions:
“On
va faire les courses, vous êtes prêts?”
“Tom et moi, on veut pas y aller, à tout à
l’heure!” s’exclama Olivier “OK mais soyez sages, la météo annonce un orage,
allez Maya, on y va.” “Non moi aussi je veux rester!”
“On revient d’ici deux heures, soyez là à notre
retour ” et ils partirent.
Les trois ados penchèrent pour une petite escapade
dans la forêt voisine. Une fois dans la forêt, ils jouèrent aux chevaliers avec
des bouts de bois, au catch, au lancer de pierres. A un moment donné, Olivier
déclara que le dernier arrivé au grand arbre situé à une centaine de mètres en
haut de la côte, mettrait et débarrasserait tout seul la table au dîner. Les
deux frères commencèrent à courir aussi vite qu’ils le pouvaient. Maya, toujours
la tête dans les étoiles, continuait à marcher la tête basse ne réalisant pas
l’enjeu. Les frères eux
s’époumonèrent. Tom fit respecter son statut d’aîné en atteignant le
premier cet arbre. Après quelques instants, ils reprirent finalement leur souffle
et se retournèrent pour constater que leur sœur n’était plus à portée de vue.
Ils cherchèrent du regard dans toutes les directions mais personne en vue ; ils
crièrent mais pas de réponse.
Cela prit quelques minutes à Maya avant de
réaliser qu’elle s’était isolée de ses frères. Elle paniqua directement.
Les larmes aux yeux, elle cria le nom de ses
frères. Instinctivement, elle se mit à courir. Après une bonne demi-heure, le ciel se couvrit,
quelques gouttes se firent sentir, le tonnerre gronda. Elle marcha très vite,
elle aperçut un éclair suivi du tonnerre, un autre éclair puis un grondement
encore plus fort. Maya était complètement trempée, l’averse battait son plein.
Elle arriva au pied d’un énorme rocher dans lequel il y avait une entrée, elle
s’y engouffra.
Ne sachant que faire, elle continua plus
profondément dans ce qui s’avérait être une grotte. Le chemin descendait. Elle
marcha encore et encore, quand tout à coup la foudre frappa le rocher. Il y
eut une terrible secousse, le sol
se déroba sous ses pieds, elle glissa sur plusieurs mètres et se cogna la tête,
elle perdit connaissance.