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Monday, 30 July 2012

Chapitre V: En route pour le Mont Godard


En Route Pour Le Mont Godard

A l’aube, ils étaient prêts.
C’est avec émotion qu’Aroth leur donna des provisions. En peu de temps, il leur répéta maintes fois de faire attention. Ulys sella Melo. Aroth attira son attention;  dans sa main, il tenait une épée.
« Voici mon épée, je te la donne. Je la possède depuis des années je ne l’ai jamais utilisée, elle est fine et pas trop longue, elle devrait te convenir» Ulys contempla cette épée comme un véritable trésor.
Il les embrassa une dernière fois. La larme à l’œil il les vit s’éloigner.
Ils prirent la route de l’Est en direction des montagnes. Selon Ulys, cela leur prendrait à peu près quatre à cinq jours pour atteindre le Mont Godard. Ils suivraient la route de l’Est jusqu'à la forêt des pensées. Puis, ils prendraient les sentiers à travers la forêt jusqu’au pied des montagnes.
La route qui menait à la forêt traversait principalement des plaines. Le long de ce paisible chemin, ils restèrent silencieux, ils se remémoraient leurs aventures survenues   jusqu’à ce jour.
Ulys sortit de sa rêverie et fît part à Maya de sa déception de ne pas être devenu chevalier. Elle, de son côté, lui décrivit l’effet que lui avait fait, le géant qui l’avait battu.
 Elle n’avait jamais vu un être de cette corpulence, elle le comparait à un éléphant. Ulys ne savait pas ce qu’était un éléphant, il n’y avait rien de tel dans son monde. Du moins pas qu’il ne sache. Puis, ils se turent. Maya se mit à chanter, d’une voix douce  et envoûtante. De cette voix enchanteresse, Ulys se laissa envahir, il se mit à rêvasser. Il se voyait défendre la veuve et l’orphelin; combattre l’injustice était un des sujets auquel il pensait régulièrement.

Maya se rappelait ces moments passés en famille, quand ils sortaient. Ils prenaient la voiture et il y avait toujours ce moment magique, où sa mère commençait à chanter et que le reste de la famille reprenait en chœur. C’était un moment de parfaite osmose, une communion entre tous  les  membres  de  la  famille,  où  ils  oubliaient  leurs  différents.  Les  individualités disparaissaient, ils devenaient un tout. Ses frères qui la taquinaient sans arrêt, sa mère … Elle chérissait tous ces moments.

Ils s’arrêtèrent pour manger un morceau. Au milieu des plaines, ils restaient silencieux, contemplaient ces  vastes contrées, et essayaient d’imaginer ce qui se dessinait face à eux. Jusque là, Ulys avait une parfaite  idée de ce qui l’attendait depuis qu’il avait parcouru la plupart du Royaume, mais là, il rejoignait Maya dans son ignorance. Ils aborderaient bientôt la  forêt  des  Pensées,  une  partie  du  Royaume  très  peu  habitée,  qu’Ulys  n’avait  jamais approchée.
Ils reprirent le chemin et s’arrêtèrent dans un petit bois pour bivouaquer. La nuit se passa paisiblement.
Ils continuèrent sur un train de sénateur jusqu'à midi où ils atteignirent la Forêt des  Pensées.  Ils  prirent  leur  déjeuner,  et  pénétrèrent  dans  la  forêt.  La  forêt  faisait  des centaines d’hectares, ils devraient la traverser  en diagonale, du Nord-ouest au Sud-est afin d’arriver au pied des montagnes d’Altador. Les chemins étaient sinueux. Parfois, la forêt était tellement dense qu’ils devaient descendre de cheval pour avancer. A la tombée de la nuit, ils s’apprêtèrent à trouver un endroit propice pour dormir. Maya communiqua à Ulys qu’elle avait eu le sentiment qu’ils étaient suivis depuis leur entrée dans la forêt. Ulys n’avait rien remarqué d’anormal: il avait bien sûr entendu des bruits d’animaux mais rien d’alarmant. Ils entendirent un hurlement, Ulys se remémora immédiatement la légende d’Utaka, la reine des loups. Avec l’histoire des Anthrolites occupant la plupart de ses pensées, il en avait oublié cette histoire colportée dans tout le royaume.
Ils étaient maintenant sur son territoire, et étaient probablement déjà encerclés.
« AAAOOOOOOOOOOUUUuuuuuuuuu » purent-ils entendre
« On dirait un hurlement de loup » s’écria Maya
«C’est exactement ça ».
Le peu de lumière que la lune filtrait entre les arbres laissait percevoir des yeux perçants. Des grognements se firent entendre.
Ulys bondit sur le dos de Melo, aida Maya à monter et poussa Melo au galop.  Des loups de différentes tailles surgissaient des bois à vive allure et de tous les côtés. Certains étaient aussi gros que Melo. Ulys décocha son épée. Maya s’accrochait à lui de toutes  ses forces.
Ils foncèrent droit sur celui qui paraissait le plus gros, Ulys lui donna un coup d’épée en pleine gueule. Ils passèrent. Poursuivis par la horde de loups, ils slalomèrent entre les arbres. Melo fit preuve d’une agilité  extraordinaire. A gauche, à droite, hop… une énorme racine esquivée par un saut. Les loups étaient juste  derrière eux, à seulement quelques pas. Puis, d’un seul coup, plus d’assaillants, ils avaient subitement disparus. Le silence s’installa. Ulys mit Melo au pas afin de rester attentif.
« Ils sont toujours là » dit Maya
Soudainement, ils entendirent un bruit, ils reprirent le galop quand un loup sauta sur eux. Il ne fit qu’ébranler le postérieur de Melo. Après quelques instants, Ulys s’aperçût que Maya avait été désarçonnée. Il la chercha du regard, mais ne la voyait pas. Il retourna sur ses pas. Il l’entendit finalement crier. Il se dirigea vers elle. Il galopait à sa rescousse quand il fut stoppé net dans son élan par quatre loups de la taille de Melo.  Ulys n’attendit pas que les loups l’attaque et chargea le premier.  Son épée pointée vers l’avant, il fendit le rang formé par les loups. Il n’en toucha aucun. Les loups, qui avaient esquivé son attaque, se mirent en chasse.

Pendant ce temps, Maya, après sa chute de cheval, était restée à terre, abasourdie quelques secondes. Cela jusqu’au moment où elle fut confrontée nez à nez avec un loup. Elle saisit une branche qu’elle avait trouvée au  sol et frappa le museau du loup. Puis elle se mit à courir aussi vite qu’elle le pouvait en poussant des cris stridents. Elle courut à en perdre haleine. A bout de souffle, elle courait en ligne droite et sans se retourner.  Elle trébucha à quelques reprises, s’égratignant les genoux et les coudes.
 Mais sa peur la faisait se relever et reprendre sa  course  effrénée.  Elle  avait  le  sentiment  que  les  loups  étaient  encore  après  elle.  Un sentiment d’horreur la parcourut quand elle se retrouva face à une falaise. Prise au piège, effrayée, elle resta tétanisée. Elle put voir les yeux brillants de ses bourreaux, puis leurs corps monstrueux dans leur totalité. Cinq loups lui faisaient face. Dont un, beaucoup plus grand que les autres. Ce dernier se détacha des autres. Il s’avança vers elle, les autres restèrent en retrait. Ils se fixèrent mutuellement droit dans les yeux. L’énorme loup aux yeux dorés s’approchait de façon lancinante. Elle pouvait maintenant contempler son pelage tout  blanc, d’un blanc immaculé. Elle sentait la fin de sa jeune vie toute proche. Trois pas, deux pas, un pas…

Ulys qui venait juste de franchir les rangs des loups était toujours à la recherche de Maya, quand  une  des  bêtes  sortie  de  nulle  part,  agrippa  une  des  jambes  de  Melo.  Le  cheval s’affaissa, Ulys fut propulsé  quelques mètres plus loin. Il se releva précipitamment et vit Melo s’enfuir. Il repéra son épée au sol, quelques mètres plus loin, il se précipita vers elle.
Un loup le prit en chasse et lui sauta dessus, la gueule grande  ouverte. Ulys se coucha à plat ventre afin de l’éviter. Il se releva immédiatement, saisit son épée et sentant venir le loup, il se retourna et avec la force de rotation assena un coup terrible à la bête qui s’en trouva assommée. Les trois autres loups se présentèrent devant lui. Leurs crocs étaient de la taille d’une dague. Un combat d’une atroce intensité s’engagea. Un coup de croc par ci, un coup d’épée par là, un coup de griffes, une esquive, un contre, une parade. Ulys se faufilait dans les bois.
Il savait que, s’il voulait venir à bout de ses opposants, il devait réussir à les séparer. Les loups coordonnaient leurs attaques et restaient groupés. Cette tactique finit par fatiguer Ulys. Un  coup  de  griffes  atteignit  alors son  épaule. Il  disparut  en  contournant un  arbre,  puis réapparut. Soudainement, il abattit son épée sur la tête d’un des loups. Plus que deux pensa t- il.  Mais avant de pouvoir relever la tête il reçut un autre coup de griffe, dans le dos cette fois.
 Il était sacrément affaibli maintenant. Épuisé par la durée du combat et  ses blessures, il se sentait très éprouvé. Malgré tout, il se mit en garde faisant face aux loups. Comme  un entendement, les deux loups restants se décidèrent à charger. Le premier sauta sur Ulys qui l’envoya valser d’un coup d’épée. Le second suivit, en l’attaquant à son tour. Ulys eut à peine le temps de mettre son épée devant son corps afin de se protéger. Il tomba à la renverse, ils roulèrent sur quelques mètres. Ils s’immobilisèrent. Ulys profita que le loup se trouvât  au- dessus de lui pour glisser son épée dans la gueule de l’animal. D’un coup de croc rapide, la bête lui arracha l’épée des mains avec une facilité déconcertante.  Il  était maintenant à sa merci. Ulys leva la tête et put entrevoir Maya face à face avec un immense loup.

Maya était à un doigt de se faire dévorer par cet animal impressionnant. Les deux adversaires se  regardaient dans le blanc des yeux;  le loup  grognait.  Ulys  ne  pouvait qu’observer, impuissant et épuisé. Ce  sentiment d’échec eut raison de lui et ses yeux se remplirent de larmes.
Sans raison apparente, Maya se relaxa, toute anxiété et toute inquiétude la quittèrent. Elle ne s’était  même  pas  aperçue de la présence  d’Ulys.
 Le loup  desserra les  dents. Les deux protagonistes furent subitement apaisés, leurs esprits se rencontrèrent et l’improbable se produisit, ils communiquèrent, une communion totale et parfaite, comme si ils ne formaient qu’un. Maya avait accès a toutes les émotions du loup et de son vécu.
Maya apprit qu’elle avait à faire à la reine des loups, Utaka. Celle-ci s’inclina devant Maya, hurla et se retira avec ses troupes. Durant ce tête-à-tête, Maya avait reçu plusieurs informations, Ulys agonisant, restait incrédule devant cette scène mais savait que cette fille était spéciale, c’est tout ce qu’il avait besoin de savoir. Maya lui expliqua qu’ils ne risquaient plus rien et tant qu’ils resteraient dans la forêt des Pensées, ils seraient à l’abri. Elle pansa les blessures de son compagnon d’infortune. Melo réapparut et ils passèrent la nuit sur place.

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