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Tuesday, 26 June 2012

Chapter II: Medieval


Médiéval


Maya reprit conscience avec un énorme mal de tête. Elle décida de faire marche arrière. Elle sortit de la grotte. L’orage était passé. Elle se remit en quête de ses frères.
Après quelques heures, elle sortit des bois pour arriver dans une plaine totalement désertique. Elle continua à marcher quand soudain, elle entendit un bruit, venant apparemment d’un haut fourré:
« Qui est là! » s’écria t-elle toute alarmée.

Elle s’enfuit en courant et instantanément une bête énorme s’apparentant à un ours surgit du fourré. La bête la poursuivant, elle hurla de toutes ses forces. Maya était vive et rapide pour son âge mais l’animal l’avait  presque rattrapée. La gueule de la bête n’était qu’à quelques centimètres d’elle, quand tout à coup, un caillou atteignit la tempe de ce monstre qui se mit à vaciller. Avant que la bête ne reprenne ses esprits, un bras saisit Maya et la hissa sur sa monture qui fila à toute vitesse.
Une fois en sécurité, une voix résonna
« Tu as de la chance, ce n’était qu’un bébé ours »
Maya s’aperçut que ses bras étaient désespérément accrochés au corps de la personne à qui appartenait la  voix.

 Elle sursauta, ce qui eut pour effet de la faire chuter dans les hautes herbes.
En face d’elle, bien droit sur son cheval, se tenait un jeune homme aux cheveux longs, vêtu d’un assemblage de tissus et une sorte d’espadrilles en guise de chaussures. Il la fixait droit dans les yeux.
« D’où viens-tu? Et pourquoi portes tu ce genre d’accoutrement? » lui demanda t-il.
Maya était vêtu d’un jean et de son haut favori.
« Je viens d’Athis-Mons en banlieue parisienne, et regarde toi avant de parler, t'es habillé comme un gitan »
Il la regarda d’un air incrédule,
« Quel est ton nom »
« Je m’appelle Maya et toi ? »
« Où te rends-tu ? » lui demanda t’il, ignorant sa question.
Maya, totalement désemparée, laissa de côté tout conflit possible et se confia à lui.
Elle lui raconta toute son histoire, qu’elle était partie en vacances avec ses parents quelques jours auparavant,  qu’elle n’habitait pas la région, qu’elle avait été subjuguée par la pluie d’étoiles et qu’elle jouait avec ses frères lorsque qu’elle s’était égarée.
Perplexe, le jeune homme la fixa droit dans les yeux. Puis, son visage se radoucissant il déclara:
« Je m’appelle Ulys, et ici tu es dans le comté d’Irmanu qui fait lui-même partie du royaume d’Altador »
Maya à son tour devint perplexe.
« Ce n’est vraiment pas drôle »
« Je peux lire ton désarroi, mais je suis en route pour devenir chevalier, et un chevalier ne ment jamais »

Maya ne comprenait pas, mais intuitivement elle le croyait. Un sentiment au plus profond d’elle lui disait que quelque chose d’invraisemblable venait de lui arriver, même si elle ne mesurait pas du tout l’étendue de l’événement.
Après un moment, Ulys brisa le silence
« Si je comprends bien tu n’appartiens à aucun des 7 royaumes, donc tu viens d’un autre monde»
« Sept royaumes? Autre monde?» je nage en plein délire, je vais me reveiller se dit elle.
Il ajouta :
« Je t’expliquerai tout ça en r… »
Il n’eût pas le temps de finir sa phrase que Maya commença à pleurer « papa, maman… ».
 Ulys descendit de  cheval, s’approcha et mit sa main sur son épaule
 « Je te promets que je trouverai le moyen de te renvoyer chez toi. Ici, nous avons un proverbe qui dit qu’un chemin peut s’emprunter dans les deux sens. Le chemin par lequel tu es venue sera aussi le chemin de ton retour. Maintenant sèche tes larmes, il est temps de se mettre en route ».

Durant le chemin, il lui expliqua que le monde était divisé en sept royaumes, Altador étant l’un d’eux. Ce royaume était considéré comme le royaume des Chevaliers. Le Roi d’Altador organisait chaque année un tournoi qui permettait au guerrier le plus vaillant d’être promu au rang de Chevalier. Le tournoi se déroulait  à  Ecclesia, la capitale. C’était le lieu où il se rendait quand leurs destins se croisèrent.

La  nuit  tomba  doucement ;  ils  s’arrêtèrent  à  la  première  auberge  qu’ils  rencontrèrent. L’auberge des  templiers était pleine à craquer. Ils furent installés dans l’écurie avec les animaux. L’écurie comprenait une diversité d’animaux : des chevaux, des lapins, des coqs et des grenouilles. Tous ces animaux étaient de taille géante, ils étaient apprivoisés et faisaient office de montures pour leurs propriétaires.
Le restaurant de l’auberge était bondé. Ils dînerent au milieu du vacarme. Le regard de ces visages  inconnus, la fatigue et cette journée riche en émotions rendaient Maya très mal à l’aise. Ulys, pour sa part,  agissait comme si de rien n’était. Ils restèrent silencieux tout au long du repas et allèrent se coucher.
Avant de s’endormir Maya lui demanda :
« Que vais-je faire ? »
« Ne t’inquiète pas je n’ai qu’une parole, je trouverai le moyen de te renvoyer chez toi. »
« Mes parents doivent être morts d’inquiétude !»
« Zzzzzzzz zzzzzzzzzz…. »
Ulys était déjà dans le royaume des rêves.

Quand Maya se réveilla, elle mit quelques secondes à réaliser où elle se trouvait ; après tout, ça n’était  peut-être qu’un mauvais rêve. Mais elle fut vite fixée quand elle aperçut, face à elle, le coq géant picorant sur son lit. Elle se tourna pour voir Ulys. Quelle ne fut sa stupeur quand elle s’aperçut qu’il n’était plus là. Elle paniqua, resta immobile un certain temps avant de réaliser la présence du cheval d’Ulys. Puis elle entendit la voix de ce dernier :
« Déjà debout ! Prépare-toi pendant que je selle Melo »

Melo était le nom de son fidèle compagnon. Tarkhan, son père, l’avait trouvé errant dans le comté d’Irmanu  lorsqu’il n’était qu’un poulain. La viande de cheval était réputée comme mets tellement fin que la race chevaline était devenue une denrée rare en Altador. Les parents de Melo en avaient fait les frais.
Tarkhan pensait l’élever jusqu'à ce qu’il ait une valeur marchande, mais Ulys l’avait adopté immédiatement.  Et au fil des années, ils développèrent une relation privilégiée. Ce cheval était devenu son meilleur ami.
 Melo était plus rapide et agile que la plupart des montures auxquelles il avait pu avoir à faire. Il était même devenu utile pour chasser certains animaux. Une fois, il sauva la vie d’Ulys, lors d’une chasse au sanglier. Ulys poursuivait l’animal et le touchait d’une flèche, ce qui eût pour effet de l’affaisser. Ulys, pensant  l’avoir abattu, descendit de cheval, et s’avança vers l’animal. D’un bond, le sanglier se releva et chargea son offenseur, Melo s’interposa pour défendre son cavalier.

Instinctivement, Ulys arma son arc et décocha une flèche qui eut raison de sa proie. Melo avait été touché à la jambe postérieure droite. Tarkhan pensait qu’il ne s’en remettrait jamais alors il voulait le vendre, mais Ulys s’y opposa vigoureusement.
 En quelques semaines, grâce aux soins prodigués par Ulys, Melo avait retrouvé  tout  son allant. Ils étaient devenus la paire de chasseurs la plus efficace du comté.

Ils  quittèrent  l’auberge  de  bonne  heure.  Les  routes  qu’ils  empruntèrent  étaient  toutes similaires. Des  sentiers de terre pour seules routes au milieu de plaines et de vallées. De temps en temps, ils traversaient un bois.
Maya remarqua qu’il n’y avait pas ni bitume ni ligne téléphonique. Elle prit toute l’ampleur de ce qu’il lui avait raconté la veille. Cette histoire de Chevaliers et de Royaumes lui semblait toujours étrange, mais elle pensait maintenant, que sans savoir pourquoi, elle avait fait un bond dans le temps et était retournée au moyen âge. Cependant, il restait à régler la question des animaux géants. Elle se  demandait  si  son professeur d’histoire n’avait pas omis de mentionner un tel fait marquant.
En chemin, il lui raconta son histoire. Ulys était un jeune homme de dix-sept ans. Il lui expliqua qu’il ne connaissait pas ses parents, qu’il avait grandi dans un orphelinat avant de s’en échapper à l’âge de huit ans. Pour survivre il mendiait et volait dans les villages du comté d’Irmanu jusqu’au jour où il rencontra Tarkhan de la caste des Chasseurs.
La caste des Chasseurs est une caste moins noble que celle des Chevaliers mais au dessus de celle des simples Soldats et égale à celle des Commerçants.
Tarkhan chassait le lièvre quand il tomba sur Ulys, il le recueillit et l’adopta immédiatement quand il reconnut ces prédispositions pour la chasse. Il lui apprit tout ce qu’il savait sans pour autant lui démontrer d’élan d’affection. Ulys, pour sa part, le considérait comme son père.
A l’âge de dix-sept ans, comme il est de tradition en Altador, c’est le moment de devenir un homme et donc de voler de ses propres ailes.

Depuis l’âge de douze ans, Ulys savait qu’il voulait devenir Chevalier. Cela était devenu évident quand un jour, il alla vendre les fruits de sa chasse dans un village et qu’il croisa le regard d’un Chevalier montant un rat géant. Il s’en souvenait comme si c’était hier : de ce visage empli d’une immense fierté, de son allure majestueuse dans son armure brillante, de son  épée,  symbole  de  sa  force,  qui  lui  paraissait  gigantesque.  Il  se  rappela  aussi  de l’admiration de toutes les personnes qui se pressaient près de lui pour voir ce noble Chevalier. Depuis ce jour, dans son cœur, il n’y avait de place pour rien d’autre que l’ardent désir de devenir l’un d’entre eux.

Vers midi, ils s’arrêtèrent pour déjeuner, repas pendant lequel,  un convoi de gens du voyage s’arrêta auprès d’eux.
« Oyez, oyez braves gens ! » cria un homme avec un ventre énorme.
« Bien le bonjour bonne gens ! » rétorqua Ulys
Au fil de la conversation, Ulys et Maya découvrirent que cette troupe était un cirque composé de dix personnes avec jongleurs, équilibristes, clowns et une femme à barbe.
Ils se dirigeaient aussi en direction d’Ecclesia, le tournoi des Chevaliers étant toujours une bonne  opportunité  d’amasser de l’argent. Ils décidèrent donc de faire la route ensemble. Ecclesia était encore à deux jours de marche. Ils sympathisèrent durant le chemin.
A la nuit tombée, ils établirent le camp et entamèrent les festivités autour d’un feu, avec un bon repas. Les saltimbanques firent la démonstration de leur habileté.

Tard dans la nuit, ils finirent par s’endormir.
Ulys se réveilla avec un énorme mal de tête, il se frotta les yeux, et…
Un moment d’incompréhension l’envahit. Le camp avait disparu. Plus de cirque, plus de Melo, plus de Maya. Il réalisa son erreur. Cette fille avec son accoutrement et sa façon si spéciale de parler.
Les gens du voyage n’avaient pas mis longtemps à renifler l’appât du gain. Une jeune fille comme ça, ils en tireraient un bon prix au marché aux esclaves d’Ecclesia.
Il se demanda combien de temps de retard, il avait sur eux et comment il allait s’y prendre sans son cheval.
Sans hésiter un instant de plus, il s’élança à leur poursuite.

Il décida de ne pas suivre le chemin principal mais de couper par la forêt, ce que les forains ne pourraient pas faire avec leurs deux caravanes.
Il marchait d’un pas soutenu, ne s’arrêtait que dix minutes pour manger. Toutes les heures, il grimpait en haut d’un arbre ou d’une colline pour examiner les environs.
Après plusieurs heures de marche, toujours rien en vue. Il ne pouvait s’empêcher de penser à la promesse qu’il avait faite à Maya. Il avait l’impression d’avoir failli à son devoir de futur Chevalier.
Alors, il redoubla d’effort. La nuit tombait, mais n’abattait pas sa détermination. Il escaladait une nouvelle colline. En contrebas, une énorme plaine dans laquelle il observa deux feux de camps qu’il évaluait chacun à une heure de marche environ. Le premier se situait à l’Est et le second  à  l’Ouest.  Il  ferma  les  yeux,  se  concentra  et  pour  une  raison  qui  lui  sembla indiscutable, il associa Maya au feu de l’Ouest. Il se mit à courir dans cette direction. Le sort lui donna raison.
Aux abords du camp, il s’arrêta. En bon chasseur qu’il était devenu, il observa la situation. Il l’étudia sous tous les angles, dans le but de l’aborder de la meilleure façon.
Il prit la décision d’attendre que tout le monde soit couché pour passer à l’action. Il ne vit pas Maya directement, mais il remarqua que le gros clown était entré dans une des tentes avec de la nourriture et en était sorti sans. Maintenant qu’il avait localisé Maya, il établissait un plan d’action précis. Il fit le plein de munitions, des cailloux de toutes tailles: les petits pour la diversion et les gros en guise d’arme. Il s’équipa également d’une longue et robuste branche d’arbre.
Tout le monde dormait maintenant. Il se faufila comme un chat à travers le camp et se glissa dans la tente. Il vit Maya qui dormait attachée à un poteau. Il la réveilla en lui mettant la main sur la bouche afin qu’elle ne  crie  pas ; elle sursauta de frayeur puis reconnut Ulys. Il lui coupa ses liens avec son couteau de poche. Ils se glissèrent hors de la tente.
Ils tombèrent nez à nez avec un forain qui avait le sommeil léger. Ce dernier était venu vérifier si le bruit, qu’il lui avait semblé entendre, était bien réel.
Il hurla « Au voleur !»
Ulys sortit instinctivement un caillou de sa poche, et le lui envoya droit dans les gencives. Le forain fut sonné. Puis Ulys lui assena un coup de massue à l’aide de son bâton et le délesta, au passage, de sa bourse. Se dirigeant vers Melo, il ajouta :
«Voler un voleur ce n’est pas du vol »
Ils montèrent Melo et s’enfuirent au plus profond de l'obscurité.

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