Médiéval
Maya reprit conscience avec un énorme mal de tête.
Elle décida de faire marche arrière. Elle sortit de la grotte. L’orage était
passé. Elle se remit en quête de ses frères.
Après quelques heures, elle sortit des bois pour
arriver dans une plaine totalement désertique. Elle continua à marcher quand
soudain, elle entendit un bruit, venant apparemment d’un haut fourré:
« Qui est là! » s’écria t-elle toute alarmée.
Elle s’enfuit en courant et instantanément une
bête énorme s’apparentant à un ours surgit du fourré. La bête la poursuivant,
elle hurla de toutes ses forces. Maya était vive et rapide pour son âge mais
l’animal l’avait presque
rattrapée. La gueule de la bête n’était qu’à quelques centimètres d’elle, quand
tout à coup, un caillou atteignit la tempe de ce monstre qui se mit à vaciller. Avant que la bête ne reprenne ses esprits, un bras saisit Maya
et la hissa sur sa monture qui fila à toute vitesse.
Une fois en sécurité, une voix résonna
« Tu as de la chance, ce n’était qu’un bébé ours »
Maya s’aperçut que ses bras étaient désespérément
accrochés au corps de la personne à qui appartenait la voix.
Elle
sursauta, ce qui eut pour effet de la faire chuter dans les hautes herbes.
En face d’elle, bien droit sur son cheval, se
tenait un jeune homme aux cheveux longs, vêtu d’un assemblage de tissus et une
sorte d’espadrilles en guise de chaussures. Il la fixait droit dans les yeux.
« D’où viens-tu? Et pourquoi portes tu ce genre
d’accoutrement? » lui demanda t-il.
Maya était vêtu d’un jean et de son haut favori.
« Je viens d’Athis-Mons en banlieue parisienne, et
regarde toi avant de parler, t'es habillé comme un gitan »
Il la regarda d’un air incrédule,
« Quel est ton nom »
« Je m’appelle Maya et toi ? »
« Où te rends-tu ? » lui demanda t’il, ignorant sa
question.
Maya, totalement désemparée, laissa de côté tout
conflit possible et se confia à lui.
Elle lui raconta toute son histoire, qu’elle était
partie en vacances avec ses parents quelques jours auparavant, qu’elle n’habitait pas la région,
qu’elle avait été subjuguée par la pluie d’étoiles et qu’elle jouait avec ses
frères lorsque qu’elle s’était égarée.
Perplexe, le jeune homme la fixa droit dans les
yeux. Puis, son visage se radoucissant il déclara:
« Je m’appelle Ulys, et ici tu es dans le comté
d’Irmanu qui fait lui-même partie du royaume d’Altador »
Maya à son tour devint perplexe.
« Ce n’est vraiment pas drôle »
« Je peux lire ton désarroi, mais je suis en route
pour devenir chevalier, et un chevalier ne ment jamais »
Maya ne comprenait pas, mais intuitivement elle le
croyait. Un sentiment au plus profond d’elle lui disait que quelque chose
d’invraisemblable venait de lui arriver, même si elle ne mesurait pas du tout
l’étendue de l’événement.
Après un moment, Ulys brisa le silence
« Si je comprends bien tu n’appartiens à aucun des
7 royaumes, donc tu viens d’un autre monde»
« Sept royaumes? Autre monde?» je nage en plein
délire, je vais me reveiller se dit elle.
Il ajouta :
« Je t’expliquerai tout ça en r… »
Il n’eût pas le temps de finir sa phrase que Maya
commença à pleurer « papa, maman… ».
Ulys
descendit de cheval, s’approcha et
mit sa main sur son épaule
« Je
te promets que je trouverai le moyen de te renvoyer chez toi. Ici, nous avons
un proverbe qui dit qu’un chemin peut s’emprunter dans les deux sens. Le chemin
par lequel tu es venue sera aussi le chemin de ton retour. Maintenant sèche tes
larmes, il est temps de se mettre en route ».
Durant le chemin, il lui expliqua que le monde
était divisé en sept royaumes, Altador étant l’un d’eux. Ce royaume était
considéré comme le royaume des Chevaliers. Le Roi d’Altador organisait chaque
année un tournoi qui permettait au guerrier le plus vaillant d’être promu au
rang de Chevalier. Le tournoi se déroulait à Ecclesia, la
capitale. C’était le lieu où il se rendait quand leurs destins se croisèrent.
La
nuit tomba doucement ; ils
s’arrêtèrent à la première
auberge qu’ils rencontrèrent. L’auberge des templiers était pleine à craquer. Ils
furent installés dans l’écurie avec les animaux. L’écurie comprenait une
diversité d’animaux : des chevaux, des lapins, des coqs et des grenouilles.
Tous ces animaux étaient de taille géante, ils étaient apprivoisés et faisaient
office de montures pour leurs propriétaires.
Le restaurant de l’auberge était bondé. Ils
dînerent au milieu du vacarme. Le regard de ces visages inconnus, la fatigue et cette journée
riche en émotions rendaient Maya très mal à l’aise. Ulys, pour sa part, agissait comme si de rien n’était. Ils
restèrent silencieux tout au long du repas et allèrent se coucher.
Avant de s’endormir Maya lui demanda :
« Que vais-je faire ? »
« Ne t’inquiète pas je n’ai qu’une parole, je trouverai
le moyen de te renvoyer chez toi. »
« Mes parents doivent être morts d’inquiétude !»
« Zzzzzzzz zzzzzzzzzz…. »
Ulys était déjà dans le royaume des rêves.
Quand Maya se réveilla, elle mit quelques secondes
à réaliser où elle se trouvait ; après tout, ça n’était peut-être qu’un mauvais rêve. Mais elle
fut vite fixée quand elle aperçut, face à elle, le coq géant picorant sur son lit. Elle se tourna pour voir Ulys. Quelle ne fut sa stupeur quand elle
s’aperçut qu’il n’était plus là. Elle paniqua, resta immobile un certain temps
avant de réaliser la présence du cheval d’Ulys. Puis elle entendit la voix de
ce dernier :
« Déjà debout ! Prépare-toi pendant que je selle
Melo »
Melo était le nom de son fidèle compagnon.
Tarkhan, son père, l’avait trouvé errant dans le comté d’Irmanu lorsqu’il n’était qu’un poulain. La
viande de cheval était réputée comme mets tellement fin que la race chevaline
était devenue une denrée rare en Altador. Les parents de Melo en avaient fait
les frais.
Tarkhan pensait l’élever jusqu'à ce qu’il ait une
valeur marchande, mais Ulys l’avait adopté immédiatement. Et au fil des années, ils développèrent
une relation privilégiée. Ce cheval était devenu son meilleur ami.
Melo
était plus rapide et agile que la plupart des montures auxquelles il avait pu
avoir à faire. Il était même devenu utile pour chasser certains animaux. Une
fois, il sauva la vie d’Ulys, lors d’une chasse au sanglier. Ulys poursuivait
l’animal et le touchait d’une flèche, ce qui eût pour effet de l’affaisser.
Ulys, pensant l’avoir abattu,
descendit de cheval, et s’avança vers l’animal. D’un bond, le sanglier se
releva et chargea son offenseur, Melo s’interposa pour défendre son cavalier.
Instinctivement, Ulys arma son arc et décocha une
flèche qui eut raison de sa proie.
Melo avait été touché à la jambe postérieure droite. Tarkhan pensait qu’il ne
s’en remettrait jamais alors il voulait le vendre, mais Ulys s’y opposa
vigoureusement.
En
quelques semaines, grâce aux soins prodigués par Ulys, Melo avait retrouvé tout son allant. Ils étaient devenus la paire de chasseurs la
plus efficace du comté.
Ils
quittèrent l’auberge de bonne
heure. Les routes qu’ils
empruntèrent étaient toutes similaires. Des sentiers de terre pour seules routes au
milieu de plaines et de vallées. De temps en temps, ils traversaient un bois.
Maya remarqua qu’il n’y avait pas ni bitume ni
ligne téléphonique. Elle prit toute l’ampleur de ce qu’il lui avait raconté la
veille. Cette histoire de Chevaliers et de Royaumes lui semblait toujours
étrange, mais elle pensait maintenant, que sans savoir pourquoi, elle avait
fait un bond dans le temps et était retournée au moyen âge. Cependant, il restait à régler la question des animaux géants. Elle se demandait
si son professeur
d’histoire n’avait pas omis de mentionner un tel fait marquant.
En chemin, il lui raconta son histoire. Ulys était
un jeune homme de dix-sept ans. Il lui expliqua qu’il ne connaissait pas ses
parents, qu’il avait grandi dans un orphelinat avant de s’en échapper à l’âge
de huit ans. Pour survivre il
mendiait et volait dans les villages du comté d’Irmanu jusqu’au jour où il
rencontra Tarkhan de la caste des Chasseurs.
La caste des Chasseurs est une caste moins noble
que celle des Chevaliers mais au dessus de celle des simples Soldats et égale à
celle des Commerçants.
Tarkhan chassait le lièvre quand il tomba sur
Ulys, il le recueillit et l’adopta immédiatement quand il reconnut ces
prédispositions pour la chasse. Il lui apprit tout ce qu’il savait sans pour
autant lui démontrer d’élan d’affection. Ulys, pour sa part, le considérait
comme son père.
A l’âge de dix-sept ans, comme il est de tradition
en Altador, c’est le moment de devenir un homme et donc de voler de ses propres
ailes.
Depuis l’âge de douze ans, Ulys savait qu’il
voulait devenir Chevalier. Cela était devenu évident quand un jour, il alla
vendre les fruits de sa chasse dans un village et qu’il croisa le regard d’un
Chevalier montant un rat géant. Il s’en souvenait comme si c’était hier : de ce
visage empli d’une immense fierté, de son allure majestueuse dans son armure
brillante, de son épée, symbole de sa force, qui lui paraissait gigantesque.
Il se rappela aussi de
l’admiration de toutes les personnes qui se pressaient près de lui pour voir ce
noble Chevalier. Depuis ce jour, dans son cœur, il n’y avait de place pour rien
d’autre que l’ardent désir de devenir l’un d’entre eux.
Vers midi, ils s’arrêtèrent pour déjeuner, repas
pendant lequel, un convoi de gens
du voyage s’arrêta auprès d’eux.
« Oyez, oyez braves gens ! » cria un homme avec un
ventre énorme.
« Bien le bonjour bonne gens ! » rétorqua Ulys
Au fil de la conversation, Ulys et Maya
découvrirent que cette troupe était un cirque composé de dix personnes avec
jongleurs, équilibristes, clowns et une femme à barbe.
Ils se dirigeaient aussi en direction d’Ecclesia,
le tournoi des Chevaliers étant toujours une bonne opportunité
d’amasser de l’argent. Ils décidèrent donc de faire la route ensemble.
Ecclesia était encore à deux jours de marche. Ils sympathisèrent durant le
chemin.
A la nuit tombée, ils établirent le camp et
entamèrent les festivités autour d’un feu, avec un bon repas. Les saltimbanques
firent la démonstration de leur habileté.
Tard dans la nuit, ils finirent par s’endormir.
Ulys se réveilla avec un énorme mal de tête, il se
frotta les yeux, et…
Un moment d’incompréhension l’envahit. Le camp
avait disparu. Plus de cirque, plus de Melo, plus de Maya. Il réalisa son
erreur. Cette fille avec son accoutrement et sa façon si spéciale de parler.
Les gens du voyage n’avaient pas mis longtemps à
renifler l’appât du gain. Une jeune fille comme ça, ils en tireraient un bon
prix au marché aux esclaves d’Ecclesia.
Il se demanda combien de temps de retard, il avait
sur eux et comment il allait s’y prendre sans son cheval.
Sans hésiter un instant de plus, il s’élança à
leur poursuite.
Il décida de ne pas suivre le chemin principal
mais de couper par la forêt, ce que les forains ne pourraient pas faire avec
leurs deux caravanes.
Il marchait d’un pas soutenu, ne s’arrêtait que
dix minutes pour manger. Toutes les heures, il grimpait en haut d’un arbre ou
d’une colline pour examiner les environs.
Après plusieurs heures de marche, toujours rien en
vue. Il ne pouvait s’empêcher de penser à la promesse qu’il avait faite à Maya.
Il avait l’impression d’avoir failli à son devoir de futur Chevalier.
Alors, il redoubla d’effort. La nuit tombait, mais
n’abattait pas sa détermination. Il escaladait une nouvelle colline. En
contrebas, une énorme plaine dans laquelle il observa deux feux de camps qu’il
évaluait chacun à une heure de marche environ. Le premier se situait à l’Est et
le second à l’Ouest. Il ferma les yeux, se concentra et pour une raison qui lui sembla indiscutable, il associa Maya au feu de l’Ouest. Il
se mit à courir dans cette direction. Le sort lui donna raison.
Aux abords du camp, il s’arrêta. En bon chasseur
qu’il était devenu, il observa la situation. Il l’étudia sous tous les angles,
dans le but de l’aborder de la meilleure façon.
Il prit la décision d’attendre que tout le monde
soit couché pour passer à l’action. Il ne vit pas Maya directement, mais il
remarqua que le gros clown était entré dans une des
tentes avec de la nourriture et en était sorti sans. Maintenant qu’il avait localisé
Maya, il établissait un plan d’action précis. Il fit le plein de munitions, des
cailloux de toutes tailles: les petits pour la diversion et les gros en guise
d’arme. Il s’équipa également d’une longue et robuste branche d’arbre.
Tout le monde dormait maintenant. Il se faufila
comme un chat à travers le camp et se glissa dans la tente. Il vit Maya qui
dormait attachée à un poteau. Il la réveilla en lui mettant la main sur la
bouche afin qu’elle ne crie pas ; elle sursauta de frayeur puis
reconnut Ulys. Il lui coupa ses liens avec son couteau de poche. Ils se
glissèrent hors de la tente.
Ils tombèrent nez à nez avec un forain qui avait
le sommeil léger. Ce dernier était venu vérifier si le bruit, qu’il lui avait
semblé entendre, était bien réel.
Il hurla « Au voleur !»
Ulys sortit instinctivement un caillou de sa
poche, et le lui envoya droit dans les gencives. Le forain fut sonné. Puis Ulys
lui assena un coup de massue à l’aide de son bâton et le délesta, au passage,
de sa bourse. Se dirigeant vers Melo, il ajouta :
«Voler un voleur ce n’est pas du vol »
Ils montèrent Melo et s’enfuirent au plus profond de l'obscurité.
Sympa! le 3e chapitre c pour kan?
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